Comment le commerce extérieur britannique a encaissé le choc du Brexit
Pour l’heure, il est encore difficile d’isoler les effets de la pandémie et de la sortie du marché unique. Pour y parvenir, le Centre for European Reform, un think tank à tendance pro-européenne, a bâti un indicateur permettant de comparer les importations et les exportations britanniques avec celles d’un panier de pays comparables, sélectionnés par un algorithme parmi 22 économies développées (Etats-Unis, Canada, Nouvelle-Zélande, Allemagne Suisse et Portugal).
« Nous observions un effet négatif de 11 % en avril, qui s’est accentué à 13,5 % en mai, indique John Springford, directeur adjoint du CER. Cela peut paraître surprenant car le commerce britannique avec l’UE s’est redressé en mai mais le redressement a été plus rapide encore dans les autres économies comparables. » L’étude du CER montre que le décrochage a commencé dès l’année 2020 et s’est accéléré depuis le début de 2021.
« Ces derniers mois, l’écart était systématiquement supérieur à 10 %. Notre modèle me paraît stable, alors que les données mensuelles du commerce extérieur peuvent être particulièrement volatiles », estime John Springford. Non seulement ces chiffres sont volatils, mais ils peuvent révéler des incohérences entre les données nationales et celles publiées à l’échelle européenne par Eurostat.
Sur les quatre premiers mois de l’année, les exportations du Royaume-Uni vers l’UE seraient en baisse de 4,8 % selon l’ONS britannique, là où Eurostat comptabilise une baisse de… 27 %.
L’écart serait lié à des différences de comptabilisation pour les produits transformés au Royaume-Uni, à partir de produits importés hors de l’UE, puis réexportés vers l’UE, comme l’a expliqué l’office britannique sur son blog. « Dans tous les cas, on ne pourra mesurer les effets réels du Brexit que lorsque toutes les économies seront pleinement rouvertes », avertit John Springford.