La probabilité d’une sortie de l’Union du Royaume-Uni a augmenté
Martin Schultz a été élu ce 1er juillet président du Parlement européen. Contrairement à la présidence de la Commission, le Premier ministre David Cameron a fait peu de commentaire sur cette élection…
David Cameron a évidemment conscience que le Parlement européen a pris un peu plus de pouvoir mais il sait aussi que le poste de président du Parlement n’est pas le plus important de l’Union européenne, alors il n’est pas étonnant qu’il ne réagisse pas.
En revanche, il s’est fortement opposé, sans succès, à la désignation de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne. Pensez-vous que cela peut l’aider à renégocier ensuite les liens entre l’Union européenne et le Royaume-Uni ou, au contraire, cela l’isole-t-il davantage?
David Cameron s’est montré acharné pour bien faire comprendre que les réformes européennes qu’il demande devront être amples. Mais sa tactique va rendre sa tâche de renégociation plus difficile, car il a contrarié les leaders européens et perdu des alliés. Mais en même temps, il n’est pas isolé pour ce qui concerne la politique européenne. Quand il parle de renforcer le rôle des parlements nationaux, de créer un marché unique des services, de négocier des accords commerciaux, dont celui avec les Etats-Unis, il est suivi par beaucoup d’autres leaders européens, comme le président du Conseil italien, Matteo Renzi.
Pensez-vous que les chances de victoire du parti conservateur de David Cameron aux élections de 2015 se sont accrues?
Les élections européennes et son opposition à la candidature de Jean-Claude Juncker ne joueront pas sur ses chances de gagner. Car pour la majorité des électeurs, la politique européenne compte peu. Ce qui accroît la possibilité d’une victoire des conservateurs, c’est la reprise économique britannique et la faiblesse du leader travailliste Ed Miliband, peu charismatique et trop intellectuel.
Une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, suite au référendum que David Cameron s’est engagé à organiser en 2017, s’il est réélu en 2015, est-elle de plus en plus envisageable?
Oui la probabilité d’une sortie de l’Union du Royaume-Uni a augmenté depuis l’affaire Juncker. Pour les britanniques, cet homme est vraiment une mauvaise publicité pour l’Union. Il est trop âgé, ne s’intéresse pas au marché unique, a la sympathie de Vladimir Poutine… Pour eux, c’est un homme du passé.
Vous-même, que pensez-vous de celui qui devrait être élu par les députés européens le 16 juillet ? Peut-il apporter de bonnes réponses, après des élections qui ont révélé une forte poussée de l’euroscepticisme?
Moi qui suis enthousiaste vis-à-vis de l’Union, puisque je dirige un think-tank pro-européen, je suis triste que François Hollande et les autres leaders européens n’aient pas trouvé un homme qui ait le niveau nécessaire pour mener l’Union européenne pendant des années difficiles. Jean-Claude Juncker n’a jamais prononcé une seule parole qui montre qu’il comprend pourquoi il y a eu cette vague d’euroscepticisme en France et ailleurs.
La bonne santé économique du Royaume-Uni peut-elle renforcer son poids au sein de l’Union?
En Europe, les pays qui sont plus forts au niveau économique ont en effet plus de poids et le Royaume-Uni est parti pour être le plus performant cette année. Mais cette puissance sera réduite par les erreurs de diplomatie de David Cameron, qui n’a pas su conserver de bonnes relations d’amitié avec ses alliés, que sont l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suède, et la Pologne.
Charles Grant est directeur du Centre for European Reform.